J'interviens en collège depuis une semaine, pour animer un atelier d'écriture. Je trouve que ce lieu dégage une violence inouïe qui, si elle n'est pas physique, est symbolique et verbale. Durant un atelier, (ce matin à vrai dire), j'ai écrit ce texte qui redonne vie à de vieux démons.
Pour passer une horrible journée , il me faudrait simplement :
Me retrouver dans un univers parallèle où je serais de nouveau collégien.
Me lever tous les matins à 7 heures, réveillé par la lumière du couloir.
Prendre un petit déjeuner stressé, avec Chérie FM à la radio
Me mettre en rang dans le froid sous les vociférations d'un prof exaspéré et me faire bousculer en entrant en classe.
Écouter toute la journée, concentré, même si ça ne m'intéresse pas
Obéir, me conformer, ne surtout pas dépasser du moule
Surtout ne pas penser par moi-même.
Me résigner à passer ma jeunesse dans un lieu totalement étranger à lotion de plaisir, sauf dans l'idée d'en partir.
Vivre dans la peur de ramener des mauvaises notes à la maison.
Me faire pousser dans les sacs et être ridicule dans ma tentative de m'en dépêtrer.
Faire des tours de terrain de foot en short avec un point de côté
Me faire des ampoules au doigt à force de copier ce qui est écrit au tableau.
Me battre avec un stylo plume qui fuit et que, bien sûr, on m'oblige à utiliser.
Rester coincé dans ce collège comme dans une toile d'araignée et répéter toujours la même journée, celle où j'ai une interro de maths surprise et où je n'ai pas révisé.