Ca fait vraiment longtemps que je n'ai rien publié ici, donc je donne quelques nouvelles :
la société Lokomodo (mon éditeur) a fait faillite. Donc, mon premier roman, Décadence, n'est plus édité. J'ai officiellement récupéré les droits sur mon livre, ainsi qu'une soixiantaine d'exemplaires, que je vais écouler tout doucement. Je vais sans doute contacter quelques salons locaux, pour savoir si je peux amener mon stock de livres à dédicacer, mais sans illusion.
Normalement, je devrais tout de même me dégager quelques créneaux de dédicace. J'en reparlerai en temps voulu.
Côté projets, Rêves de papier cherche toujours un éditeur. Je vais faire 2 envois "papier", dans les jours qui viennent.
La Marche Rouge, la suite de Décadence, est terminée et imprimée. J'attends le retour des lecteurs pour faire d'éventuelles corrections et chercher un éditeur qui voudra bien me prendre le pack des deux romans.
Outre le 3ème volet de la série Décadence, j'ai 2 projets jeunesse : Nouvel Eden et Dragon noir dragon blanc. Comme je suis sympa, je vous laisse le soin de découvrir les premières lignes, que j'ai commises ce matin :
Ma cité, mon univers.
Trois barres de béton qui forment un U. Au milieu, pas grand chose. De la terre tassée, des jeux pour enfant, quelques arbres rabougris. Et des gens. Toujours des gens. Quelle que soit l'heure à laquelle je regarde.
Ce sont des mères qui promènent leurs poussettes et bavassant. Elles font un pas en avant, deux pas en arrière. Elles ne vont nulle part, mais qu'est-ce qu'elles peuvent causer ! Ce sont des ados qui se vendent des trucs. Des jeux videos, des DVD, du shit, les réponses à l'intero de math. Ce sont des petits qui jouent chat perché, au loup ou aux billes. Ou d'autres, un peu moins petit, qui s’entraînent à fumer sans tousser. Ce sont les étrangers habituels, le facteur, les éboueurs, le gars de la société des eaux d'EDF, le pauvre type qui pose les pubs dans les boites aux lettres, avec son chariot à roulette et son air constipé.
Parfois, il y a des étrangers purs. Qui ne sont pas de la cité, qu'on a jamais vu avant. Ceux-là font profils bas, ne restent pas longtemps. Ou alors ils deviennent habituels, comme les blanc-bec qui passent acheter de la beuh, sans même sortir de leur voiture, le prof qui vient depuis six mois, ou le coiffeur à domicile, celui qui a une grosse valise pleine de produits et de ciseaux. Il y a aussi les petits vieux qui se baladent en savates, qui se causent en arabe, en arménien ou en polonais. Qui fument des clopes roulées serrées, avec presque rien dedans, qui reluquent le cul des minettes sans en avoir l'air. Ceux-là, ils sont ici depuis si longtemps qu'on se demandent s'ils ont déjà habité ailleurs.
À n'importe quelle heure, il y a du monde. Le matin, ça part travailler, ou ça va à l'école, en pleurant, en râlant, en menaçant. Le soir, ça revient fatigué, énervé, ça veut se défouler, ça joue au foot entre les arbres, ça écoute sa musique à fond, comme si tout le monde aimait le raï ou le rap à 120 décibels, ça se regroupe en bandes, ça squatte les entrées des immeubles, ça essaie de faire peur, ça y arrive.
Même la nuit, je vois du mouvement. On n'arrive pas à dormir, on se retrouve pour se bécoter en cachette, ou pour aller plus loin. On fait le mur, on travaille de nuit, on promène son chien, on fait la teuf à faire trembler les murs. On n'arrête pas. Jamais. Et le lendemain ça recommence.
Trois barres d'immeuble. Quatre vingt trois logements, trois fois plus d'habitants. C'est dur de trouver un moment calme, peut-être entre deux et six heures du matin. Alors il faut apprendre à oublier le bruit, le transformer en fond sonore sans importance. Oublier qu'on vit les uns sur les autres. Oublier que tout se voit, tout se sait, tout s'achète.
Oublier que j'habite ici depuis cinq ans.
Putain, c'est long cinq ans.